mardi 2 octobre 2007

La filière ovine au Royaume Uni menacé par la fièvre aphteuse…


Les restrictions mises en place à cause de la fièvre aphteuse viennent d’être assouplies, les transactions vont pouvoir reprendre mercredi 3 octobre en Ecosse. C’est une bonne nouvelle pour les agriculteurs écossais, ils vont enfin pouvoir vendre leurs animaux. Du coup ils seront très occupés ces prochains jours et n’auront pas beaucoup de temps à nous consacrer.

Depuis notre départ nous avons pu visiter quelques exploitations où l’élevage ovin et bovin représente une part importante du revenu des agriculteurs. Le précédent épisode de fièvre aphteuse a laissé des traces dans toutes les mémoires et la peur de voir la maladie s’étendre est grande. Mais c’est surtout, comme nous allons le voir, l’interdiction de mouvement pour les ovins, les bovins et les porcins mise en place en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galle qui touche le plus directement les éleveurs.


Nous avons visité une exploitation en Ecosse qui produisait des « mule (orthographe à vérifier)», les « mule » sont le résultat d’un croisement entre des femelles scottish black face et des males blue face leister. Le scottish black face est une race typique de l’écosse et très bien adapté aux conditions locales, c’est la seule race assez résistante pour passer l’hiver sur le hauts des collines (hills). Les femelles scottish black face restent donc tout l’hiver sur le haut des collines, elles font donc partie des rares moutons sédentaires du royaume uni.

Les « mules » grâce à la vigueur hybride grossissent rapidement, mais ils ont besoin d’une grosse quantité d’herbe pour exprimer leur potentiel génétique. Comme leur région de production (hills) n’est pas forcement la plus efficiente pour les faire grossir, ils sont exportés à la fin de l’été vers les régions ou l’herbe est plus présente (lowlands. Une fois assez gros les moutons peuvent être vendus sur le marché européen ( France et Espagne majoritairement. Mais avant ça, il leur reste un dernier voyage, direction l’abattoir qui se trouve parfois à plusieurs centaines de km.

Entre les « mules » et les scotish black face, il existe un « type » intermédiaire de mouton, le croisement Lleyn*Wales qui donne des animaux relativement résistants pouvant être élevés dans les zones « intermédiaires » (uplands).

Le système ovin britannique, basé sur la complémentarité des trois étages, collines (hills), terres hautes (uplands) et plaines (lowlands), permet une exploitation efficace des ressources agricoles et animales. Ce système engendre de nombreux mouvement d’animaux au sein du royaume uni.
( pour plus d’information sur la filière veuillez consulter le site suivant :
http://www.inst-elevage.asso.fr/html1/spip.php?article959 )

Vous comprendrez aisément que la fièvre aphteuse (au mois de septembre en plus…) est un « petit » grain de sable dans cette belle mécanique. Du coup, les éleveurs ne peuvent plus vendre leurs moutons, le court sur les marchés locaux a fortement chuté (45 à 26£ ) et le flegme britannique est plus présent que jamais…

La durabilité de ce type de filière est plus que jamais en question. Les contrôles sanitaires sont heureusement là pour limiter les dégâts et pour circonscrire le plus rapidement possible l’épidémie (ce qui semble être sur la bonne voie), mais on le voit, il suffit d’une brebis aphteuse pour mettre à terre une filière pourtant bien organisée. On peut se demander si ce type d’organisation de la filière ovine est au bout du compte le plus efficient économiquement.
En effet, les deux crises de fièvre aphteuse (2001 et 2007) ont coûté très cher au gouvernement et représentent un manque à gagner important pour les agriculteurs. On peut se demander si une organisation plus régionale de la filière, où les races locales seraient utilisées à bon escient et vendues sur des circuits de commercialisation plus courts, ne serait pas plus « durable » et moins facilement menacée

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