jeudi 24 janvier 2008

Retour sur une triste journee a Auschwitz.

Nous sommes alles jeudi dernier, « visiter » les camps de la Mort « Auschwitz I » et « Auschwitz II – Birkenau ». Inutile de vous dire que la visite de ce lieu nous a bouleversé. On pourrait croire que c’est devenu une attraction touristique comme une autre dans cette région, mais non. L’atmosphère est bien trop lourde et dire que la mort plane partout n’est pas exagéré.

Nous sommes arrivés à Oswiecim vers 10h30 le jeudi matin, dès la sortie de l’autouroute les grands panneaux Museum Auschwitz indique le chemin des vestiges des pires abominations humaines.
La visite guidée commence à 11h30, il s’agit d’abord de la première partie du camp : AUSCHWITZ I, les nazis y avaient « réaménagé » une ancienne base militaire polonaise. Nous passons le portail d’entrée avec la phrase tristement célèbre « Arbeit Macht Frei » (le travail rend libre ». Nous suivons notre guide, d’abord sans vraiment se rendre compte, sans vraiment mesurer le poids d’un tel lieu. Il nous invite à rentrer dans un premier bâtiment, où plusieurs salles d’exposition se succèdent, auparavant, des salles où les détenus essayaient de dormir, des pièces grandes comme des salles d’études où s’entassaient plus de 200 prisonniers à même le sol. Aujourd’hui des photos jonchent les murs avec des explications pour « expliquer » l’inexplicable, pour rendre compte de l’horreur absolue, pour se souvenir. Le guide débite son exposé, imperturbable sous les yeux de plus en plus humide des visiteurs qui l’écoutent. Les salles défilent, les photos, les « maquettes » explicatives de la solution finale, les documents d’identité des prisonniers, les photos d’identités des prisonniers arborant quelquefois un sourire ou une expression de doute ou de peur ou de méfiance. En bas de la photo, leur date d’arrivée au camp, et leur date de décès séparées souvent de quelques mois. Arrivent alors des salles où retenir une larme devient difficile : des dizaines de m3 de cheveux, des dizaines de milliers de chaussures, des centaines de valises, des milliers d’ustensiles de cuisines, des paires de lunettes et toujours ces photos, ces visages... Dehors il fait gris, il est d’ailleurs difficile de s’imaginer qu’il ait un jour pu faire beau dans un tel endroit. Les blocs se succèdent, les uns après les autres, témoins muets des plus terribles atrocités. Il n’y a pas de mots. Nous arrivons au bloc 11, le bloc de la compagnie disciplinaire . Nous nous recueillons devant le mur des exécutions jonché de fleurs. Personnes ne dit rien. Nous pénétrons dans le bloc 11 où avaient lieu les sanctions, les tortures et les proclamations de condamnation à mort. Dans les sous sols, des petites cellules de 3/4 m², plus loin au fond du couloir à droite, des cellules minuscules de 1 m² où 4 prisonniers étaient maintenues debout après plus de 16h de travail. Jusqu’à la mort. Notre marche funèbre continue le long des barbelés sinistres, nous rejoignons le bâtiment qui a servie en premier de chambre à gaz et de crématoire. Nous entrons. Nous sortons. Où sommes nous ?
Un bus nous attend pour nous mener à Birkenau, à 3 km. Il nous dépose devant la principale tour de surveillance. C’est grand, c’est trop grand. La vue d’une telle chose la rend encore plus irréelle. Nous entrons dans les blocs en bois de la zone de quarantaine qui pouvaient contenir 52 chevaux et où s’entassaient de 1942 à 1945 jusqu’à 700 humains. 700 humains. En tout 1 500 000 humains, en majorité des juifs, ont été tué par des humains dans ce camp de concentration. 1 500 000. Un million cinq cent mille. Nous longeons ensuite ces rails sans fin, qui conduisent pourtant là bas. Au fond du camp. Où deux chambres à gaz aujourd’hui en ruine s’élevaient solidement, sûrement et semblaient dire: Ici c’est l’humanité. Voilà. Et on s’en va. En regardant une dernière fois ce désert de tristesse, en longeant ces rails. Ces maudits rails.
Alors nous avons vu Auschwitz. Et il faut aller voir Auschwitz. Pour eux. Et pour voir l’Humanité. Et avoir un peu mal. Un peu.

Agriculture en Petite Pologne

Nous avons quitté la Pologne mardi matin. Nous avons traversé les Carpates avant d'arriver en Slovaquie. La région de la Petite Pologne (Sud de la Pologne) que nous avons quittée ce matin est vraiment très jolie, c'est très vallonné et très typique. Il y a encore beaucoup de petites exploitations individuelles de quelques hectares (la taille moyenne est de 3ha) qui morcellent le paysage. C'est une région qui possède une richesse écologique importante puisque cinq parcs naturels y sont implantés.

Pendant la période communiste, la collectivisation y a été très faible, les habitants en sont d'ailleurs très fiers. Mais, l'attachement à la terre est très fort et la restructuration est très lente Il n'y a eu que très peu de remembrement et la taille des structures évolue peu. Les quelques agriculteurs qui possèdent des structures viables possèdent des structures morcelées (une parcelle peut faire quelques mètres de large). De plus, les agriculteurs sont réfractaires à toute forme coopération, et sont donc tous, plus ou moins sur-mécanisés.

Le maraîchage est très developpé, mais les conditions climatiques ne sont pas favorables, l'hiver il fait très froid, jusqu'à -15°C et les coûts de chauffage des serres sont alors très importants. De plus, les structures sont souvent petites. Au final, il y a très peu de structures viables et la majorité des agriculteurs doivent avoir un double emploi.

Depuis quelques années, la chambre d'agriculture essaye d'encourager le développement de l'agriculture biologique. Cette démarche permet d'améliorer le revenu des agriculteurs en valorisant leurs produits. Mais, le développement de l'agriculture biologique est aussi un atout supplémentaire pour cette région très typique aux fortes potentialités touristiques.
Le démarrage est prometteur et 0,5% des agriculteurs sont actuellement certifiés « biologique » en Petite Pologne. Mais ce chiffre va en augmentant et beaucoup de petites exploitations peuvent rentrer dans la démarche de certification en ne changeant que très peu leur mode de fonctionnement.
Mais le principale défi pour la chambre d'agriculture est de trouver des débouchés importants pour les produits biologiques. L'Allemagne, où la demande existe en est un. En Pologne, le potentiel semble exister dans les grandes villes du sud comme Cracovie et Katowice, mais le marché reste encore a développer.

La Petite Pologne tranche avec le nord ouest de la Pologne, où les structures sont plus importantes et où la collectivisation a parfois été plus poussé. L'agriculture familiale, « presque de subsistance » en tout cas d'auto-consommation, tranche avec les anciennes fermes d'état ou les anciennes coopératives. L'agriculture polonaise est hétérogène, mais l'héritage du passé est très fort. L'entrée dans l'UE a permis la modernisation des structures les plus importantes ( l'UE finançait jusqu'à l'année dernière 50% de l'achat de matériel...40% cette année). Mais, la transition semble plus difficile pour les petits agriculteurs et en Petite Pologne les structures ont peu évolué. .Par exemple, en élevage, il est difficile de répondre aux normes d'eco-conditionalité et de mettre sa ferme aux normes pour la gestion des effluents.
Mais, le défi est grand pour l'ensemble de l'agriculture polonaise, puisqu'il faut rattraper en dix ans les normes européennes que l'agriculture ouest européenne a mis 50 ans à mettre en place. Ceci, en sachant que l'encadrement agricole est moins bon qu'en France, il y a moins de chambres d'agriculture, moins de coopératives, pas de CUMA...


CRACOVIE








Cracovie est vraiment une très jolie ville, avec son magnifique château Wawel symbole du puissant royaume de Silésie. Il domine la ville très majestueux avec à ses pieds le Dragon de Cracovie. Nous avons pu visiter les appartements « publics » du château avec ses dorures, tableaux, tapisseries, moquettes, escaliers de marbre…etc…Assez joli.



Nous avons parcouru la ville avec ses nombreux bars qui ne donnent pas sur la rue. Seulement le logo d’une marque de bière accroché sur le mur indique qu’un bar se trouve plus loin, il faut alors s’enfoncer dans une petite ruelle qui mène au fameux sus-dit…Ce n’est pas le cas partout mais souvent…
Nous avons visité la place du marché et ses vendeurs de bijoux en ambre, ses musiciens (accordéonistes, trompettistes…), ses pigeons…Nous sommes allés à Kasiemiers, le quartier juif, rempli de magasin d’alcool (Wooodkaaaaa) et de bars sympas.
Cracovie vaut vraiment la peine. L’ambiance st assez chaleureuse, il y a plein de choses à voir et les gens sont très sympas. Ambroise s’est même fait quelque peu piégé par un groupe de polonais dans la cuisine de l’hostel où on logeait, mais nous n’en dirons pas plus…

samedi 12 janvier 2008

Arrivée en pologne

Tout d’abord, bonne et heureuse année 2008 à tous !

Après une petite pause pour les fêtes, nous voilà reparti à la découverte des campagnes européennes. Nous sommes depuis Jeudi 10 janvier en Pologne, à Biskupizce dans la région d’Opole en Silésie. Nous avons fait la rencontre de Krystina, professeur de français à la retraite, qui nous loge dans sa ferme auberge et qui en plus de nous avoir organisé des visites s’est gentiment proposée pour nous servir d’interprète. Vendredi après midi et ce matin, nous avons été accueilli chez la famille Klos ou nous avons passé de très bons moments et appris quelques rudiments de polonais.

La région où nous nous situons est une grande plaine, elle est découpée en grands champs de plusieurs dizaines d’hectares. Mais, le paysage est, par endroits, surtout marqué par les zones de friches industrielles.

La Pologne, est sortie du bloc communiste en 1990 et est entré dans l’Union Européenne en 2004.

La ferme des Klos : une transition à toute vitesse.

C’est une ferme laitière avec 70 vaches holstein, il y douze ans, en 1995, M Klos avait seulement 2 vaches. La traite est effectuée avec des « trayons » mobiles, c’est les agriculteurs qui bougent, pas les vaches. C’est un système encore présent en France ou ailleurs mais qui tend à se raréfier. Ici, ça avait l’air d’être assez « à la pointe »…
Le père de Mr Klos n’a jamais intégré de coopérative à l’époque communiste, il est toujours resté agriculteur individuel, donc sans aucune aide pour sa production.

Aujourd’hui, Mr Klos loue en plus de sa ferme dont il est propriétaire, une partie d’une ancienne ferme d’Etat. Il y a aménagé un ancien bâtiment pour porcs pour ses génisses. « A l’heure actuelle on est obligé de faire inséminer les génisses très tôt car dans deux ans, on devra avoir atteint un certain quota laitier » explique –t-il, et il ironise : « Ce que les français ont du faire après la seconde guerre mondiale jusqu’aux années 80, on nous demande en gros de le faire en 2 ans ». L’entrée dans L’UE a changé beaucoup de choses « Tout va très vite, c’est très difficile psychologiquement de faire face à tous ces changements, les exigences sont beaucoup trop importantes, c’est complètement fou, cette année on a été obligé de faire des travaux là où l’on trait les vaches : il fallait que les mur soient lisses et droits… » Nous raconte Mr Klos.







Il a acheté de beaucoup de matériel tout neuf en 2005 et 2006, plus que l’on ne peut imaginer, et s’est beaucoup endetté. Mais lorsqu’on parle de mise en commun du matériel, il répond « La période communiste est encore trop présente dans les esprits et ce n’est pas aujourd’hui que les agriculteurs polonais vont se mettre à créer des coopératives de matériels ou des choses dans ce genre… »

La ferme Klos s’étend sur 120 ha, ce qui est grand pour la région pour une ferme familiale (taille moyenne 20 ha) le quota laitier est de 330 000 litres et la production moyenne par vache est de 7000 litres/an. Les vaches ne pâturent jamais car les prairies sont trop loin et le climat ne permettrait qu’une éventuelle pâture en mai.



Dans le futur, La ferme s’agrandira sans doute, Mr Klos prévoit de louer un ancien bâtiment qui pendant la période communiste contenait 200 vaches laitières et qui par la suite a été aménagé pour des poulets. Il nous a d’ailleurs posé de nombreuses questions et nous a demandé des conseils que nous avons essayé de lui donner avec beaucoup de modestie…




Mr Klos est aussi un passionné des chiens, et ce n’est pas moins de 6 molosses (des bergers d’Asie Centrale) qui, la nuit, surveillent les bâtiments, car les anciennes fermes d’Etat ont été sujettes à bons nombre de « pillage ».





Nous avons aussi publié de nouveaux articles sur étudiant voyageur sur le danemark, berlin et l'allemagne de l'est. Il y a de jolies photos (elles sont pas toujours floues contrairement à ce que certaines personnes auraient tendance à croire.), allez y faire un tour si vous avez le temps.

De même, le site internet à été revu et les liens fonctionnent. D'içi peu, il y a aura même une section ou vous pourrez retrouver nos articles paru dans la presse...

Agriculture et idéologie communiste :

Nous allons traverser et traversons actuellement des pays marqués par l’héritage du communisme. Pour mieux comprendre les systèmes agraires présent actuellement dans ses pays, nous avons fait quelques recherches sur les politiques agricoles sous l’URSS et nous allons vous en faire part...




Modèles soviétique et les « voies nationales »

Au cours de la période communiste, les pays de l’Europe de l’est appliquèrent les grandes orientations de politique agricole qui ont prévalues en URSS.

L’agriculture, a été considéré pendant la période communiste comme n’importe quelle industrie. La collectivisation des moyens de productions en agriculture devait produire les mêmes économies d’échelle qu’en industrie. A cette époque, l’agriculture avait pour unique mission la production de nourriture.

Pendant la période communiste, 4 formes de structures des exploitations agricoles ont cohabités :


Le Sovhkhoze en Russie, ferme d’état ailleurs…

Idéologiquement, le sovkhoze ou ferme d’état constituait « la forme achevée de l’exploitation socialiste agricole ». Sur ses fermes, les terres étaient possédées et exploitées par l’état et le personnel était salarié de l’état. Les travailleurs bénéficie d’une rémunération fixe et exécutent leurs travaux en brigades. Ces fermes étaient gigantesques, parfois plus de 10 000ha et pouvait compter des centaines de salariés.

Ces exploitations dépendaient directement de l’état et devait obéir aux prescriptions du plan imposé par l’état. L’état octroyait d’énormes subventions à ces fermes pour qu’elles puissent fonctionner et investir.




Le Kolkhoze ; une coopérative hiérarchisée et centralisée

Les kolkhozes sont des coopératives de productions, chaque agriculteur est propriétaire d’une part dans la coopérative et travaille pour la coopérative. L’intégration des agriculteurs dans la coopérative peut être plus au moins poussée.

Théoriquement, le kolkhoze est administré démocratiquement par l’assemblée générale des coopérateurs, qui dispose d’une certaine liberté dans la gestion et l’affectation des bénéfices de la collectivité.

Dans l’idéologie communiste, ce type de structure est provisoire et doit être à terme amené à disparaître au profit des Sovkhozes.


L’exploitation privé de type familiale ;

Fortement présentes dans certains pays comme la Pologne (structure de 6 ha en moyenne), pourchassée en Russie pendant la période stalinienne, les exploitations privés ont eu un destin différents selon les pays.


batiment d'une ancienne coopérative utilisé à l'époque pour les cochons



Le lopin de terre individuel : seul degrés de liberté accordé aux soviétiques

Limité à 0,40ha ce lopin de terre est accordé aux familles travaillant sur les kolkhozes, sovkhoze et existe sous forme de jardin ouvrier. Sur ce lopin, il est possible de faire n’importe quelle production…( volailles, porcs, légumes, fruits, champignons…).
Une estimation réalisée en 1976 permettait de penser que sur 2% de la SAU soviétique, environ 30% de la production animale et des productions spécialisées (horticoles, légumiers, fruitiers) étaient réalisées.

Des disparités nationales ;

Les politiques agricoles dans les pays de l’URSS ont suivi le même chemin. Cependant, le degré de collectivisation n’a pas été le même dans toutes les républiques soviétiques.
La Pologne, est un cas particulier car la collectivisation a été moins poussé qu’ailleurs et une certaine agriculture familiale a toujours plus ou moins difficilement subsisté.