lundi 3 mars 2008

5 jours à Sjeverovac, sud-est de Sisak – Croatie

Un territoire marqué par la guerre


Nous venons de passer 5 jours dans la ferme de la famille de Rodoljub Dzakula, à Sjeverovac, un petit village d’une vingtaine d’habitants. Sjeverovac se situe au nord de la frontière bosniaque à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Sisak. Pendant la guerre qui a sévit de 1991 à 1994, le village était dans les zones de combats. Toutes cette régions, autour de la Bosnie a été extrêmement touchée. Pendant la guerre, 95% de la population avait émigré à l’étranger ou dans les régions hors des zones de combats. Aujourd’hui, des centaines de maisons abandonnées et des milliers d’hectares en friche jalonnent les routes - ou plutôt les chemins - de la région…Rodoljub nous explique que c’est un réel problème car aujourd’hui, il n’y a presque que des personnes âgées qui habitent la région…Dans son village, ses trois enfants sont les seuls du village. C’est très difficile de faire revenir les gens dans cette région, car pour beaucoup, elle rappelle de mauvais souvenirs…
La ferme des Dzakula : Un îlot de biodiversité domestique et de savoir-faire locaux.




La ferme ne compte pas moins de 100 vaches allaitantes (hereford et simmental), 120 brebis « viande » (mérinos allemand), 6 truies landrace*piétrain, 10 truies Slavonien noir, une centaine de poulet, 6 ânes, 10 chevaux de Posavina, 17 chèvres…et tout une basse-cour d’ornement (paons, poules naines…). L’exploitation s’étale sur 420 ha de terres, dont 300 ha de parcours pour les bovins et les ovins en « hyper-extensif » (forêts, zones innondables, hautes collines, friches…). La production des agneaux est biologique. Ils possèdent également quelques vaches laitières pour la consommation familiale…

Les porcs Slavionien noir et les chevaux de Posavina sont des races locales. Le slavonien noir est d’ailleurs une race en voie de disparition (610 individus actuellement). Il produit sur sa ferme tous les aliments, notamment les compléments d’avoine, d’ensilage de maïs (15ha) pour les taurillons (qu’il vend vivant pour l’engraissement – il n’engraisse pas les taurillons), de pois (pour les protéine – mélange avoine/pois pour les ovins « bio » = 22% de protéines), d’orge…
L’exploitation compte également 600 pruniers, 50 pommiers et 30 poiriers (poires noires).
L’élevage de tous les animaux est en plein air et est très extensif. Les croisements hereford/simmental pour les bovins donnent des animaux très résistants aux conditions extrêmes, le mérinos allemand est également une race très rustique.


Le nombre de produits finis fabriqués sur la ferme est impressionnant : Eau de vie de prunes, de pommes, de poires noires, en tout entre 1000 et 1500 litres de spiritueux sont produits chaque année sur l’exploitation…Nous avons bien évidemment goûter…rien que pour ça, la ferme vaut le détour. Rodoljub fait également beaucoup de charcuterie fumée : Saucisse, saucisson, jambon, pied de cochons, poitrine, oreilles, travers…et aussi de la viande bœuf fumée…on a goûté également…sublime…La ferme produit également un peu de vin très sucré pour la consommation personnelle…

Rodoljub Dzakula, un Homme investi d'une mission

Rodoljub est vétérinaire, il a repris la ferme en 1996 après la guerre et la fin de ses études à Zagreb, la capitale. La ferme existe depuis 1919, il est la 4ème génération sur l’exploitation. Il est passionné d’élevage, il a écrit un livre pour les agriculteurs sur la production ovine, et celui sur la production bovine est presque publié. Depuis deux ans, il se rend à Clermont-Ferrand en octobre pour visiter des fermes dans le cadre salon agricole. Il participe également à de nombreux shows agricole avec ses animaux où il remporte des prix… Grâce à sa ferme, le village vit. Ses trois enfants (de 5 à 14 ans) participent à la vie de l’exploitation et semblent suivre son chemin. Sa femme travaille comme comptable pour plusieurs agriculteurs de la région. Il emploie deux ouvriers et le reste du village aident régulièrement pour divers travaux…

Il attend avec impatience l’entrée dans l’Union Européenne, qui lui permettra d’améliorer son marketing et ses conditions de transformations. Il explique qu’en Croatie, les agriculteurs ne sont pas très « puissants » et les politiques sont parfois confuses et illogiques. Il insiste sur le manque de formation des agriculteurs et le manque de stages pratiques chez les bureaucrates du ministère de l’agriculture croate.
Nous avons fait avec lui la tournée de quelques agriculteurs de la région pour l’achat de veaux. Dans certaines fermes, le temps semblent s’être arrêter au milieu des années cinquante : 10 vaches laitières simmentales à l’attache, quelques porcs, poulets...on s’est retrouvé bien loin des fermes danoises…Rodoljub aime acheter chez veaux directement chez les agriculteurs, il adore discuter, conseiller, etc…c’est très important pour cette région qui semble en manque de lien social…
Pour Rodoljub, le premier pas vers une amélioration passe par l’amélioration dans les infrastructures, la formation, l’information et l’organisation collective des agriculteurs.

La croatie : Un pays qui a moins subi le collectivisme.

La famille Dzakula a tenu à nous le préciser : Le socialisme Yougoslave n’avait rien à voir avec les socialismes des autres pays du bloc communiste, du moins à partir de 1965 et jusqu’en 1980. Tito, au pouvoir de 1945 à 1980, avait su échanger avec l’ouest et l’est de manière intelligente, les frontières de la Yougaslavie n’étaient pas fermées, les gens pouvaient voyager à l’ouest. Du point de vue agricole, la propriété privée était largement autorisée, les magasins privés aussi. Bien sûr, il existait des grandes fermes d’état et coopératives mais chaque agriculteurs pouvaient posséder 20 ha (contre 0,4 dans la plupart des autres pays communistes). A la mort de Tito, Il y a eu, jusqu’aux déclarations d’indépendance, une présidence tournante, et une grave crise économique qui a abouti à la naissance de mouvements nationalistes très forts qui ont conduit aux tristement célèbres guerres des Balkans…Aujourd’hui l’ex-yougoslavie se divise en 8 états indépendants : Slovénie, Croatie, Bosnie Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine et Kosovo.

Rodoljub nous explique qu’en fait, dans les Balkans, ils ont 200 ans de retard, car avant la seconde guerre mondiale, le système était un système féodal et après la guerre, le système était un socialisme imposé…le saut était trop violent, et « la Yougoslavie n’a jamais pu faire sa révolution nationale comme en 1789 en France ». Bref, Pour Rodoljub, il y a encore beaucoup de temps pour que les mentalités changent et régler définitivement les problèmes des Balkans, et pour ça, il compte beaucoup sur l’Europe…

5 jours inoubliables
Nous logions dans une maison à quelques centaines de mètres de la ferme, chauffée à l’aide d’un poêle à bois, et d’un radiateur électrique. Tous les matins, levés à 6h20 pour le café puis pour nourrir le bétail, toute la journée (jusqu’à 14h30) après le petit déjeuner de 9h, nous aidions dans les diverses activités de la ferme : séparation et tri du bétail (ce qui nous a valu quelques frayeurs avec les chevaux), contrôle des troupeaux dans les pâturages, abattage du cochon…
Nous partagions le repas de midi avec toute la famille, de véritables festins, festivals de plats consistants autant que succulents et variés…
Et nous avons grâce aux enfants appris quelques bribes de croates…
Une semaine fantastique…dans les Balkans…

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Même sans les photos on a pu admirer le paysage,

bises bécotes

Ambroise et Yann a dit…

cessez l'ironie, et bossez votre rapport.
meme sans te voir, nous pouvons admirer ton humour "thomas & laure"...
yann & ambroise

Anonyme a dit…

Ah ah ah... Je vois que quelque soit l'endroit, la photo est la même, ambroise debout, yann assis, un verre à la main!!! C'est bien, au moins vous aurez pas perdu la main avant la rentrée à l'ENSAIA.
Bises à vous deux.
Maïs

Anonyme a dit…

Salut à tous les deux! Et merci pour tous ces articles...à conserver !
A très bientôt,
Amandine

Anonyme a dit…

Je ne peux pas remercier suffisamment le service de M. Benjamin et faire savoir aux gens à quel point je suis reconnaissant pour toute l'aide que vous et le personnel de votre équipe avez fournie et je me réjouis de recommander des amis et de la famille s'ils ont besoin de conseils ou d'assistance financière @ 1,9% Prêt commercial .Via Contact:. lfdsloans@outlook.com. WhatsApp ... + 19893943740. Continuez votre excellent travail.
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